Bienfaisante retraite
Je suis riche du temps que l’âge me procure,
Ainsi chaque matin, plus de réveil hurlant,
Mais le chant des oiseaux, au timbre ensorcelant,
Rythme tous les bienfaits de cette sinécure !
Dans le creux de mon lit, qu’importe la saison,
Je paresse et m’étire et je refais le monde,
Non pas celui qui trempe en une mer immonde,
Mais bien celui qui rit face à mon horizon !
Devant mon bol fumant, puisque rien ne me presse,
Je rêve encore un peu, j’invente un univers,
Où les fleurs des talus, pour mériter mes vers,
M’offrent mille parfums et leur flot de tendresse.
Et quand enfin la nuit enlève sa burqa,
La chevelure d’or de l’astre qui scintille
Lance son flamboiement à mon œil qui pétille ;
Mon jour peut commencer sa danse flamenca !
Reine de mon foyer, je m’attelle à ma tâche,
Car je règne sur tout, de la cave au grenier,
Même sur le jardin, de la rose au prunier,
En caressant le chat qui lisse sa moustache !
Annie Poirier