Archives de catégorie : Photos

Le Rondel : Être femme.

Tableau de mon amie Christiana Moreau

Être femme

Je suis heureuse d’être femme,
D’avoir acquis la liberté,
Un corps pour la maternité,
Et, je l’espère, une belle âme !

Honte à celui qui lors proclame :
« Chétive est la féminité ! »
Je suis heureuse d’être femme,
D’avoir acquis la liberté !

Mais si trop souvent je m’enflamme,
C’est face à cette humilité,
Quand un regard privé d’été
Fait sangloter mon épigramme !
Je suis heureuse d’être femme !

Annie

Prémices de l’hiver

C’est un nuage rose amoureux d’une étoile,
Qui flotte chaque soir au fil de l’horizon,
Tandis que les plus gris, voguant en garnison
Ont déjà pris le large en hissant la grand voile…

Et j’attends chaque jour qu’enfin il se dévoile
A mon regard gourmand de tendre frondaison ;
Nous voilà désormais à la morte-saison,
Gommant tous mes espoirs de voir fleurir la toile !

Je scrute alors le ciel en quête de bonheur,
Tout est sombre ou figé dans une triste brume,
Adieu belle hirondelle et papillon flâneur !

Les matins sont frisquets, même le temps s’enrhume,
Bientôt bonhomme hiver, étrange promeneur,
Parfumera les nuits d’une note d’agrume !

Annie Poirier

La Villanelle : A l’abri de ma tonnelle.

A l’abri de ma tonnelle

J’ai brodé ma Villanelle
Avec du fil de satin
A l’abri de ma tonnelle.

Pour la gentille hirondelle,
En route vers son destin,
J’ai brodé ma Villanelle.

En avant la ritournelle
Qui cueille l’or du matin,
A l’abri de ma tonnelle !

Désormais ma vie est belle,
Depuis qu’au mont Palatin,
J’ai brodé ma Villanelle !

La consonne à la voyelle
A mimé le galantin
A l’abri de ma tonnelle…

Maintenant sur la margelle
Son chant se fait cabotin !
J’ai brodé ma Villanelle
A l’abri de ma tourelle !

Annie

Les stances : La ronde des mois.

La ronde des mois

Déjà janvier s’avance en son bel artifice,
Enveloppé d’espoir et de brouillard givrant ;
Il brise du passé chagrins et maléfice
Puis il quitte la scène heureux et délirant.

Arrive février dans son manteau d’hermine
Qui transforme le bois en un monde enchanteur,
Fige le cyclamen, même la cardamine,
Dans l’attente d’un mars toujours à la hauteur !

Avril a son coucou, mai ses mille clochettes,
Chacun d’eux s’évertue à réveiller les cœurs,
Et lorsque l’on entend crépiter les branchettes,
C’est que juin rayonnant savoure ses liqueurs !

Et s’enflamme juillet de l’aube au crépuscule
Pour rester grand vainqueur des plus belles moissons
Que l’on déguste en août, en pleine canicule,
En attendant du soir deux zestes de frissons.

Sur les fils de septembre, on voit une hirondelle,
Se délecter déjà du grand rassemblement,
Tandis que les moineaux, d’un habile coup d’aile,
Surveillent de la treille, octobre au firmament.

Novembre épouse l’or du plus beau chrysanthème
Dès que la feuille meurt sous l’arbre décharné,
Jusqu’à ce que décembre attise une bohème
Pour réchauffer la crèche où dort un nouveau-né !

Annie

Stances : Le chant des vagues.

Un grand MERCI à mon amie de blog, Marie ( regard ) pour le prêt de sa sublime photo, le phare de Ploumanac’h !

Le chant des vagues

Je marche sur la plage en quête de silence,
Celui qui fait danser l’océan baroudeur,
Quand les flots brusquement maîtrisent leur ardeur,
Et que la vague enfin berce sa nonchalance.

Le clapotis de l’eau caresse les galets,
A la voix du grand large, étonnamment muette,
S’ajoute bien souvent le cri d’une mouette,
Avant qu’elle ne plonge au milieu des reflets.

Sur le sable en sueur, des crabes en déroute,
En marchant de travers, regagnent leur rocher
Que l’écume aussitôt s’amuse à dénicher
Dès qu’elle étale au loin son jupon qui froufroute !

Neptune s’est lassé de l’éternel refrain,
Il en veut plus encor, cymbales et trompettes,
Et pourquoi pas aussi des éclats de tempêtes ?
Le voilà maintenant jouant au malandrin !

Il me faut désormais me presser vers la grève,
Venant de l’horizon, la mer dans son galop,
Pour marier sa note au chant du matelot,
Chahute un peu la vague en écourtant son rêve !

Annie Poirier


Le Zegel : Soleil de décembre.

Soleil de décembre

Un soleil de décembre a doré ma palette
Qui, lasse de grisaille, ajustant sa voilette
En signe de grand deuil, pleurait la violette,
L’hirondelle jolie et le joyeux pinson.

J’ai plongé mon esprit dans ce rai de lumière
Pour éclairer les murs de ma tendre chaumière
Tout en rêvant d’amour et de rose trémière ;
Le silence riait en sifflant sa chanson !

C’est à ce moment-là qu’une muse aquarelle
Me souffla quelques vers, dont la rime si frêle,
Caressa mon matin d’un vol de tourterelle
En déposant sa plume en haut de mon buisson !

Tendrement j’ai cueilli cette offrande divine,
Afin de la plonger dans l’aube qui ravine
Entre les pans d’un jour aux éclats d’olivine,
Puis j’ai repris espoir sans crainte et sans frisson !

Annie

Le sonnet marotique : La femme et la ride.

Merci à Maria Dolores pour la belle mise en page !

La femme et la ride

Elle aimerait gommer la ride qui progresse
Tout autour de sa bouche, avide du câlin,
Qu’un regard amoureux, tendrement masculin,
Caresse nuit et jour avec force allégresse !

Face au miroir du temps qui doucement la presse,
Il lui faut désormais se résoudre au déclin
D’un minois délicat, qui tel un doux vélin,
Se retrouve froissé par trop d’élans d’ivresse !

Être femme est un art, qu’importe la saison,
Le printemps et l’été chantent sa floraison,
Son automne est le fruit que l’on dore à la flamme.

Dès que l’hiver survient, à l’aube des bons vœux,
Si la neige blanchit l’argent de ses cheveux,
Une ronde d’enfants s’attache à la belle âme !

Annie

Stances : Bienfaisante retraite.

Bienfaisante retraite

Je suis riche du temps que l’âge me procure,
Ainsi chaque matin, plus de réveil hurlant,
Mais le chant des oiseaux, au timbre ensorcelant,
Rythme tous les bienfaits de cette sinécure !

Dans le creux de mon lit, qu’importe la saison,
Je paresse et m’étire et je refais le monde,
Non pas celui qui trempe en une mer immonde,
Mais bien celui qui rit face à mon horizon !

Devant mon bol fumant, puisque rien ne me presse,
Je rêve encore un peu, j’invente un univers,
Où les fleurs des talus, pour mériter mes vers,
M’offrent mille parfums et leur flot de tendresse.

Et quand enfin la nuit enlève sa burqa,
La chevelure d’or de l’astre qui scintille
Lance son flamboiement à mon œil qui pétille ;
Mon jour peut commencer sa danse flamenca !

Reine de mon foyer, je m’attelle à ma tâche,
Car je règne sur tout, de la cave au grenier,
Même sur le jardin, de la rose au prunier,
En caressant le chat qui lisse sa moustache !

Annie Poirier

Le sonnet français : Après l’été.

Après l’été

Le monde sera-t-il bien plus beau, bien plus rose,
Quand l’automne venu calmera le tison,
D’un trop fougueux soleil hâtant la fenaison,
D’une nature en feu cramant son air morose ?

Durant l’été brûlant j’ai vu pleurer ma rose,
Lasse de ne pouvoir en son exhalaison
Égaler en beauté tout l’or de l’horizon,
Et l’incroyable éclat d’un ris de primerose.

L’hirondelle est partie et mon cœur est chagrin,
Je suis comme l’épouse au départ du marin,
Je surveille les cieux, l’orage et ses alarmes !

Si l’actualité nous offrait du jasmin,
Au lieu de nous servir son chapelet de larmes,
La vie aurait le goût de miel et de cumin !

Annie Poirier

La Ballade : Souvenirs

Souvenirs

J’avais une belle maison
Avec un toit dont chaque lauze,
Clignant des yeux sur l’horizon,
Goûtait chaque métamorphose
D’une nature en symbiose.
Ainsi coula le fil des ans,
Sous un ciel pur et grandiose ;
Je me souviens des jours plaisants.

Je cultivais chaque saison,
Le pourpre, l’or, la primerose.
Si je tombais en pâmoison,
Face au bonheur d’un jour plus rose,
C’est que l’hiver, pâle et morose,
Lâchait ses tout derniers brisants
Sur la jacinthe à peine éclose.
Je me souviens des jours plaisants.

Je dois me faire une raison
Et vivre enfin l’apothéose
D’un autre gîte en floraison,
Où l’esprit muse et se repose !
Ici le temps coule en osmose
Avec de doux refrains grisants,
Chantés par l’oiseau virtuose.
Je me souviens des jours plaisants.

Envoi

Amis qui partagez ma cause,
Éloignez-vous des feux cuisants
Quand l’âge d’or a son arthrose !
Je me souviens des jours plaisants.

Annie